2e trimestre 2007 La Transat vers l'Europe
St Martin, Caraïbes - Faïal, Açores
Voici un exemple de carte vierge tirée de pilotchart sur laquelle j'ai tracé les zones météo en
atlantique. Tous les jours j'écouterai la radio RFI qui donne la météo sur BLU à heure fixe.
Je l'écouterai et l'enregistrerai afin de reporter calmement les relevés et les prévisions sur
mes cartes.
Samedi 5 mai 2007. Nous y voilà, le grand jour est arrivé. Je n'ai pas beaucoup dormi,
trop énervé. Je suis levé depuis 4h30. J'ai, pour une énième fois, regardé la cartographie de
l'atlantique espérant trouver la meilleure route à faire. Je téléphone à toute la famille, je ne
les aurai pas de sitôt. Je voulais surtout avoir mon père qui fêtera son anniversaire le 14
mai et lui souhaiter d'avance. A 7h40 j'écoute la météo diffusée par le Cross Antilles Guyane
sur la VHF. Je vais rendre une dernière visite à Christos à la nage, l'annexe est déjà
dégonflée et rangée. Je vous laisse deviner le sujet de notre discussion. A 8h50 l'ancre
s'arrache du fond, elle ne doit pas rester à poste. Je vais l'enlever et la rentrer à l'intérieur.
Je me fais mal au dos en voulant la passer par dessus le balcon avant. Christos me précède,
Oneiro II est sous voiles et s'élance pour la grande aventure. Fayama est juste derrière mais
il remonte mieux au prés serré et rattrape Oneiro II, Christos appareil photo en main nous
tire le portrait.
Fayama au prés serré quelques minutes après le départ
Une fois sorti de la baie je met le cap sur l'est d'Anguilla. Alors que je la longe, il est
environ 10h, la ligne de traine émet son son strident. Un barracuda a mordu. J'avais promis
de partager avec Christos si je prenais quelque chose alors que nous serions encore à vue.
Je ralenti Fayama, vide et débite le poisson et attend que Oneiro II me rattrape. Je trouve le
temps long et décide de faire demi-tour afin de le rejoindre. Il en profite pour nous tirer une
2e fois le portrait. J'ai réduit le génois et laché l'écoute de grand-voile afin de réduire au
maximum la vitesse de Fayama pour l'approche. Il ne faudrait pas que nous nous percutions.
Fayama en approche pour donner le poisson
La demi-journée se passe admirablement bien. Le temps est magnifique, la mer belle. J'ai
établi la trinquette en double du génois, la grand-voile à 1 ris, j'ai l'impression que je gagne
un peu sous cette petite brise. Je profite de ce petit temps pour mettre en place mes
protections de cordage. C'est une idée que j'ai eu, une sorte de toile d'araignée qui pourrait
m'empêcher de passer malencontreusement par dessus bord. Elles resteront à poste jusqu'à
l'arrivée en Espagne, c'est ma destination finale.
Protection arrière bien utile pour ramener le poisson, prendre la douche etc...
Protection en cordage importante pour la sortie du cockpit
Cette première journée de navigation est tellement sublime que je ne pense pas à faire des
photos. L'après-midi une belle dorade coryphéne mord à la traine et casse la ligne. Alors que
je me bagarre avec le poisson, j'aperçois un voilier, il semble suivre la même route que moi.
C'est ce premier coucher de soleil de transat qui me rappelle qu'il faut immortaliser ces
moments. Je le verrai se lever à l'étrave de Fayama pour se coucher à la poupe toute la
durée de la traversée. Je n'ai pas pris de vrai repas, j'ai grignoté, il ne faut pas prendre cette
mauvaise habitude. Demain je me cuisinerai un bon repas de poisson.
Premier coucher de soleil de la transat.
A 18h30 le point me place à la position 18°46,815' N - 62°27,900' W. Nous avons
parcouru 53,2 milles sur le fond.
J'ai établi la trinquette en double du génois. Cela n'a pas l'air de contrarier celui-ci.
Nous marchons toute la nuit sous cette voilure, la mer est toujours calme c'est un régal.
Trinquette en double du génois.
Trinquette en double du génois.
Dimanche 6 mai 8h, 2e jour de mer, le GPS nous place à 19°40,296' N - 61°28,433' W
et 77,9 milles parcourus depuis 18h30 la veille. Notre total depuis St Martin est de 131 milles.
Quelque chose m'intrigue le sondeur varie entre 40m et 17m alors qu'il y a plusieurs millier
de mètres de fond. Il doit y avoir un banc de poisson sous Fayama. Vers 8h30 la vitesse
chute et j'enlève le ris à la grand-voile. La météo annonce pourtant vent d'est à sud-est le
matin virant progressivement sud-est à sud force 3 à 4 beaufort; mer agitée à l'est. Ca
commence bien ce n'est pas du tout les conditions sur zone. Je déjeune un bon morceau de
barracuda grillé accompagné de tomates fraîches. Le vent continue à faiblir progressivement,
l'après-midi nous ne dépassons pas 3 noeuds. Le soir c'est pétole et nous sommes scotchés
sur place, vitesse 0 noeud. Je mets le moteur et reprend la route. Vers 20h notre route croise
celle d'un cargo. Toute la nuit Eole va jouer à cache cache, je suis là je n'y suis plus,
m'obligeant à jouer avec le moteur ou les voiles pour avancer.
Lundi 7 mai à 5h, 3e jour de mer, le vent revient je peux enfin faire route sous voiles
seules, notre 3e jour de mer commence la mer est calme.
Mer calme et petit vent.
A 8h le point GPS nous place à 20° 51,957' N - 59° 59,565' W notre Cap vrai est 49° la
vitesse est de 5,5 noeuds sur le fond. A cet instant nous avons parcouru 242 milles depuis
St Martin.Après un bon petit déjeuner et une douche bienfaitrice je décide de remplacer la
trinquette par un foc sur lequel je peux prendre un ris. Fayama est donc équipé de son
génois avec en double le foc à 1 ris et la grand-voile en grand. Il court maintenant à 6
noeuds. J'aperçois un cargo à l'arrière babord, il nous rattrape. Vers 10h15 il change son cap
pour passer par mon arrière, qu'il passe à 10H45. Il est énorme, je vois inscrit sur sa poupe
MAERSK VENICE. Merci commandant vous êtes un chic type. A 11h40 j'essaie d'avoir la
météo mais la réception est mauvaise je ne comprends rien. Le midi, je me cuisine une
bonne ratatouille avec semoule et boulettes de viande. A 14h le GPS nous place par
21°10,729' N - 59°38,583' W notre cap vrai est 35,5° la vitesse n'est plus que de 2 noeuds
environ. Nous avons quitté la zone météo Nord Antilles et naviguons dans Est Antilles. A
14h30 la pétole s'installe, j'affale les voiles et roule le génois,je continue au moteur. Un
voilier me suit, je le localise par mon arrière tribord, il fait la même route que moi et reste à
distance constante.
Le voilier qui nous suit.
A 17h je mets le radar et le situe à 4,2 miles dans le 127,7°. A 18H15 juste à la tombée de
la nuit je prends une grosse dorade coryphène. Je la remonte, la vide et prépare des
morceaux.
Une belle dorade coryphène a mordu.
Je fais demi-tour afin rejoindre le voilier qui me suit et lui donner quelques parts. A
mon grand étonnement il fait demi-tour lui aussi et garde la distance. Je l'appelle à la VHF
pour lui signaler mon intention. Il décline l'offre mais me demande néanmoins où je vais et
quelle sera ma route. Il me dit qu'il va remonter plus nord pour essayer de trouver les vents
favorables. A 20h le GPS nous place au 21°29,373'N - 59°25,965'W le cap vrai est 21,8° la
vitesse 6 noeuds. Fayama n'a parcouru que 49,3 milles en 12h la moyenne chute terriblement.
A 20h15 j'établis la voilure en espérant la laisser pour la nuit. Je remets le foc à 1 ris en
double du génois et toute la grand-voile car le vent est faible. Le cap compas est au 55°.
J'organise la surveillance de sécurité, comme je navigue en solitaire je m'oblige à un tour
d'horizon après une période plus ou moins longue de sommeil. Je prends en compte la route
des cargos, en principe ils vont en route directe d'un point à un autre.
Mardi 8 mai 2h nous sommes par 21°52,926'N - 59°08,780'W le cap vrai est 18,6° la
vitesse fond 3,7 noeuds. Je me réveille à 5h le ciel est très nuageux. A 6h une petite averse
accueille le soleil.
A 8h, nous attaquons notre 4e jour de mer, la position est 22°14,086'N - 58°52,850'W
notre cap vrai 21,4° vitesse fond 4,2 noeuds. 54,4 milles parcourus sur le fond pendant la
nuit et 346 milles au total. Fayama porte la même voilure depuis hier soir, il n'y a pas de
raison de la modifier.
Foc intermédiaire à 1 ris en double du génois.
La coryphène a laissé une odeur désagréable surtout parce qu'il faisait nuit et je n'ai pas
pu nettoyer correctement le sang. Je nettoie donc à fond le cockpit et la plage arrière. Avec
une telle odeur un mal de mer ne tarderait pas à se manifester. Mais ce matin le vent est
paisible la mer aussi. Fayama suit sa route sans bouger entre 4 et 5 noeuds au loch. Je
profite pour laver du linge, je peux le pendre entre le haubanage tellement c'est calme. Je
prend la météo à 11h40 pour le sud de la zone Est Antilles les prévisions sont : vent d'Est 3
à 4 beaufort fraichissant 4 à 5 beaufort, mer agitée. Le midi je cuisine la chair de la tête de
la dorade, poivrée et revenu à l'huile d'olive accompagné de riz.
C'est tellement calme que je peux pendre le linge en naviguant
En début d'après-midi le vent commence à refuser. Il vire progressivement vers le nord et je
dois modifier le cap afin de rester au prés serré. On dit "refuser" car il ne permet plus de
garder le cap afin de rester sur la route du point de destination. Du cap compas 45° nous
finirons au 10° vers 16h. Quelque chose se ballade de nouveau sous Fayama, le fond
remonte entre 40 et 15 m. Vers 18h le temps se gâte, de gros nuages noirs recouvrent le
ciel et j'aperçois des gros grains à l'horizon. Le vent refuse continu à refuser je mets cap
plein nord au compas. A 18h45 par 23°0,177'N-58°41,450'W je vire de bord et mets le cap
au 115° compas. Je garde le génois, le foc à 1 ris ainsi que la grand-voile à 1 ris également.
Le génois sera vite enroulé si un grain survient et le foc sera déjà établi. A 20h nous sommes
par 22°59,729'N-58°36,249'W notre cap vrai 98,9° vitesse fond 4,5 noeuds, 399 milles
parcourus.
Mercredi 9 mai : A minuit et demi je suis réveillé par le génois qui bat. Le vent s'est
mis a refuser dans l'autre sens. Je modifie le cap et règle le pilote sur 135°. A 2h nous
sommes par 22°47,653'N-58°12,321'W cap vrai 158,4° vitesse fond 2,4 noeuds, un peu trop
vers le sud-est à mon goût. C'est la galère et je décide de virer de bord une nouvelle fois. A
2h20 Fayama est revenu tribord amure, cap compas 25° vitesse surface 5 noeuds. Je dors
jusqu'à 5h45, le soleil se lève . Le vent adonne, je peux récupérer 20° . La température est
toujours correcte.
A 8h, le 5e jour en mer commence, le GPS indique 23°15,685'N-58°12,013'W cap vrai
12,1° vitesse fond 4,4 noeuds nous avons parcouru 452 milles depuis St Martin mais la nuit
dernière nous avons louvoyé et la route directe depuis St Martin est plus courte (413 milles).
A 11h15 les voiles fassayent et Fayama perd de la vitesse. Le vent refuse nous perdons les
20° acquis le matin. Notre nouveau cap est au 30° compas. J'aperçois un cargo par l'avant
babord, il fait une route inverse de la notre. Un superbe oiseau nous survole il est
magnifique.
N'est-il pas magnifique?
A 11h40 je prends la météo. La zone qui nous concerne est Est Antilles, nous sommes
dans le sud de cette zone. Ils annoncent vent Est à Nord-Est 3 à 4 beaufort, mer agitée.
Vers 12h c'est de nouveau la pétole. J'ai remarqué que c'est souvent vers la fin de matinée.
Le ciel se couvre et de nombreux grains se profilent à l'horizon.
Le ciel se charge.
Je démarre le moteur et mets le cap au 70° compas et maintient une vitesse de 3
noeuds. Je prépare le repas, aujourd'hui je vais cuisiner un colombo de coryphène
accompagné de pommes de terre, tomates et riz. A 13h30 un autre cargo nous croise par
tribord. Il va falloir se méfier, vigilance obligatoire. A 14h nous sommes par
23°35,957'N-57°58,471'W cap vrai 53° vitesse fond 3,4 noeuds. A15h20 le vent est revenu,
le moteur est coupé, le génois établi, cap au 60° tribord amure. A 17h je sens un
rafraichissement , la température chute et j'enfile un tee-shirt. Le soleil est voilé , voilà 2
jours qu'il y a un anneau autour. Le baromètre est stable. A 18h30 le vent est faible et refuse
progressivement, il y a des grains partout, nous subissons une belle averse.
Grain à l'horizon.
A 19h30 le cap compas est 20° la vitesse fond 5,5 noeuds. A 20h le vent est revenu,
nous pouvons tenir le cap au 80° compas, le loch indique 6 noeuds. Pourtant le relevé GPS
indique une route fond au 53° pour une vitesse de 3,4 noeuds il doit y avoir un sacré
courant. Je n'ai pas de relevés de position à 20h. A 22h30 Eole se joue de nous et se met en
grève. De nouveau le Perkins ronronne cap au 80° compas. La nuit est agitée, les grains
succèdent aux calmes ou le contraire mais le résultat est le même, il faut aller sur le pont
modifier la voilure. La veille est permanente, les périodes de sommeil très courtes. Il ne
faudrait pas abimer les voiles ou casser quelque chose dans une survente.
Jeudi 10 mai, 6e jour de mer. 5h30 le jour se lève nous sommes par 24°27,240N-
57°09,984'W cap compas 50° vitesse 6 noeuds au loch. J'aperçois un voilier par le travers
babord qui fait une route semblable à la notre. A 7h il m'appelle à la VHF, ce sont des anglais.
Ils demandent où nous allons. Je comprends qu'ils montent sur Florès aux Açores mais
impossible de comprendre le reste tellement la dame parle vite. Dommage!
A 8h le GPS nous place par 24°35,974N-56°56,693'W cap vrai 41,5° vitesse fond 5,5
noeuds. Nous avons parcourus 559 milles pour une route directe accomplie de 519 milles
depuis St Martin. Le vent est de retour, il semble stable et la mer est maniable. Fayama se
régale sous ces conditions et son captain respire la joie. A 11h40 je suis prêt pour la météo,
nous sommes toujours dans la zone Est Antilles. Les prévisions sont: vent de secteur E à
Sud-Est force 4 à 5 Beaufort mer agitée. Le dépression la plus proche se trouve dans notre
Nord-Est à un peu plus de 400 milles. Ce ne sont pas les conditions de mer que nous avons,
cela fait notre bonheur. C'est très bien pour cuisiner, aujourd'hui j'ai prévu de la coryphéne
au curry accompagné de spaghettis. Je m'aménage un coin repos dans le cockpit. Un
endroit où je peux m'assoir ou m'allonger à l'abri du soleil ou des embruns éventuels. En fin
d'après-midi nouveau rafraichissement, il faut remettre le tee-shirt. La routine de début de
soirée est bien rodée, enlèvement des tauds de soleil et préparation de la voilure pour la nuit.
Vendredi 11 mai, 7e jour de mer, 2h du matin. La nuit se déroule correctement, le vent
est stable, la mer belle. Fayama va bon train malgré sa grand-voile à 1 ris. Notre position est
25°47,471'N-55°18,995'W cap vrai 54,9° vitesse fond 5,8 noeuds. Le jour se lève à 4h30 et
moi aussi. Je me prépare un bon café et pendant qu'il chauffe je vérifie le réglage des voiles.
Mon coco file toujours à 6 noeuds. Après le petit déjeuner je prépare et cuit un pain, quelle
bonne odeur pour celui qui me suit...
La météo annonce une mer agitée pour Est Antilles, vent Est à Sud-Est force 4 à 5,
localement Sud virant progressivement Sud-Ouest. Dans le nord de la zone où nous sommes
actuellement, des grains orageux avec fortes rafales sont annoncés . Les dépressions sont
encore loin, elles ne nous concernent pas.
A 8h nous entamons notre 7e jour de mer. Nous sommes à cet instant par 26°08,803'N-
54°46,803'W cap vrai 43,3° vitesse fond 5,6 noeuds. Nous avons parcourus 709 milles sur le
fond mais nous sommes à 665 milles de St Martin en ligne droite.
Vers 10h30 le vent faiblit , j'enlève le ris à la grand-voile et laisse le foc en double du
génois. Nous atteignons de nouveau les 6 noeuds.
Voiles d'avant en double. Le vent le permet. Elles restent bien gonflées
Quelque chose est sous la coque, le fond oscille entre 50 et 15 m pourtant je
n'aperçois rien. Le vent est beaucoup plus frais, il faudra bientôt rester couvert tout le temps.
A 14h le GPS nous place par 26°29,632'N-54°12,461'W Cap vrai 47,3° vitesse fond
5,5 noeuds. Le vent faiblit, je règle le pilote sur le cap compas 75°. Je suis bien en mer, je
suis à l'aise. J'aimerais que ces moments s'éternisent. Je pense à mes proches qui
m'attendent, qui doivent s'inquiéter et pourtant j'aimerais toujours être en mer. Il y a un halo
autour du soleil comme une gros anneau, J'ai l'impression d'être observé par un gros oeil.
J'espère que ce n'est pas un mauvais signe pour la météo.
Voici ce qu’explique le site Météo France sur son site internet : L’effet combiné ou
séparé de la réflexion et de la réfraction de la lumière solaire ou lunaire sur des cristaux de
glace en suspension dans l’atmosphère — au sein, par exemple, de nuages élevés ou de très
fines précipitations — suscite tout un ensemble de phénomènes optiques appelés halos, qui
produisent des images lumineuses géométriques telles qu’anneaux, arcs, colonnes ou foyers.
L'après-midi est calme, le vent a faibli, je profite de ces bonnes conditions pour
démonter le vérin de hale-bas de bôme qui couine. Je le tartine de graisse marine. Je me
fais un petit plaisir capuccino chocolat pour mon quatre heure.
Vers 17h le vent adonne, j'affale le foc et laisse le génois et la grand-voile
complétement établis. Nous sommes au largue tribord, très bonne amure. A peine ai-je fini
la manoeuvre qu'un cargo se profile à l'horizon à l'avant tribord. IL passe notre travers
tribord à 17h44 précisément. Vers 18h Fayama n'avance plus qu'à 5 noeuds. A 20h le GPS
nous place par 26°47,753'N 53°43,798'W cap vrai 51° vitesse fond 4,2 noeuds. Vers 23h je
fais un tour sur le pont, vérifie l'horizon sur 360°, tout est calme. Le vent semble correct et
constant.
Samedi 12 Mai: 2h Nous sommes par 27°13,038'N 53014,152'W cap vrai 41,1°
vitesse fond 6,9 noeuds. A 4h35 je constate que les batteries sont un peu faible, je mets le
moteur pour éviter que la tension ne
descende trop bas. Il est temps de corriger l'heure, nous venons de passer un fuseau
horaire. En quittant St Martin nous avions 4h de moins en décalage sur le temps universel.
C'est à dire que si à Paris il est 10h temps universel, à St Martin il sera 6h. Maintenant nous
n'avons plus que 3h en moins. Je perds une heure de navigation aujourd'hui. Je corrige le
cap pour mettre un peu plus de nord sur notre route. La météo annonce une mer agitée
dans le nord de la zone Est Antilles où nous nous trouvons et un vent de sud 3 à 5 beaufort.
Je relève la position à 9h, à cause du changement d'heure, pour garder les 24 heures
de navigation. Nous entamons donc notre 8e jour de mer. Nous sommes par 27°48,882'N-
52°39,352'W cap vrai 60,6° vitesse fond 8,5 noeuds. La mer formée nous pousse, le courant
n'est pas étranger à notre vitesse. Mon coco a fait un surf à 10,5 noeuds. A ce stade nous
avons parcouru 861 milles mais nous sommes à 817 milles de St Martin en direct. Pour
l'instant l'écart n'augmente pas c'est plutôt bon signe. Le ciel est gris, je ne vois pas le soleil.
La mer qui donne par le travers fait embarder fortement Fayama. Le pilote travaille
énormément pour rattraper le cap. Vers 13h le vent faiblit sérieusement, j'aimerais établir le
spinnaker mais les gros nuages menaçants à l'horizon m'en dissuadent. Je tangonne le
génois à tribord et laisse la grand-voile à babord.
15h le GPS nous place par 28°14,652'N 52°03,008'W cap vrai 60,4° vitesse fond 5,8
noeuds. Vers 16h30 je fais un tour de pont, vérifie la voilure et découvre un coulisseau de
grand-voile qui s'arrache. J'affale immédiatement et recouds ce coulisseau. Je ne la remets
qu'à 2 ris car elle bat trop et j'enroule le génois à demi malgré le tangonnage. C'était trop
beau, en fin d'après-midi Eole se fait la belle et nous laisse planté sur place. J'enroule le
génois, borde la grand-voile et démarre le Perkins qui ne demande qu'à ronronner. Ce soir il
pleut, il fait froid ,j'ai remis un pantalon et un sweat-shirt.
A 21h nous sommes par 28°32,479'N 51°37,893'W cap vrai 16,7° vitesse fond 3,2
noeuds toujours au moteur. J'ai tout de même enlevé un ris à la grand-voile au cas où le vent
reviendrait. 23h40 toujours pas de vent mais je dois arrêter le moteur car le gas oil diminue.
J'établis le génois à demi, la grand-voile est laissée comme elle était. Fayama repart à 3,5
noeuds. Aujourd'hui je n'ai pas fait de photo mais quelques vidéos qui sont plus explicitent.
J'ai fait un montage pour résumer les événements importants. Je ferai de même pour les
jours prochains.
Vers 23h je suis réveillé par la gite de Fayama, le vent est revenu, timide. J'attends
d'être certain qu'il est stable avant de remettre de la toile et couper le moteur. 23h40 nous
sommes sous voiles un peu par obligation car la réserve de gas oil est à moitié. Je vérifie
l'horizon et me recouche.
Dimanche 13 mai 2h : Je suis éveillé, plus moyen de dormir. J'essaie différents
réglages de voiles mais rien ne fait avancer plus vite. Je me recouche avec de la musique, je
n'ai plus envie de dormir. Une pensée m'obsède : Fayama sous spi. Je me promets que si le
vent reste de l'arrière et le ciel clair, au petit matin je l'établirai.
3h : Nous sommes par 28° 49,330'N 51°15,992'W cap vrai 38,7° vitesse fond 4,5
noeuds. Au lever du jour je prends un bon café et comme les conditions sont propices
j'établis le spinnaker. Quelle différence, les claquements de voiles dus au roulis ont disparus
et nous atteignons 5 noeuds sous un vent qui n'éteindrait pas une allumette.
J'ai une pensée pour mon ami Christos sur Oneiro II ; quelles options a t'il choisi? Où
est-il? Est-ce que tout va bien pour lui? Je sais qu'il n'a pas la même garde-robe que Fayama
pour OneiroII et donc il n'a pas les mêmes possibilités par petit temps, ni gros temps. La
météo annonce au Nord de la zone Est Antilles un vent de sud 3 à 4 beaufort localement 5 à
l'extrême nord. A 7h20 j'aperçois un cargo par notre arrière tribord, il nous rattrape. A 8h il
est par notre travers, il change de cap et fait route plein est. C'est peut-être le spi qui l'a
attiré.
9h : le 9e jour de mer commence, le GPS nous place par 29°10,684'N 50°51,000'W
cap vrai 50,2° vitesse fond 4,8 noeuds. Nous avons parcourus 988 milles. Nous sommes à
942 milles en ligne directe de
St Martin. Nous avons avancé de 127 milles en 24h malgré le petit vent. Je me douche sur
la plage arrière, le soleil est chaud mais ce n'est plus le soleil des Caraïbes, je peux me
passer de taud. Rien à toucher à la voilure alors je lis en attendant de préparer le déjeuner.
J'ai prévu 2 beaux morceaux de coryphène accompagnés de riz et tomates fraîches.
15h nous sommes par 29°32,828'N 50°24,785'W cap vrai 57,3° vitesse fond 4,4
noeuds. A 15h25 un cargo apparait au loin par le travers babord, il fait route vers le
nord-ouest. A 16h c'est un autre cargo qui surgit à l'arrière babord et vient vers nous. A
16h55 il a coupé notre route sur notre arrière et se trouve au loin par notre travers tribord.
J'ai travaillé sur le lettrage et le motif que je laisserai à Horta. C'est une tradition de laisser
sa trace et parait-il cela porte malheur de ne pas le faire. Je ne suis pas superstitieux mais...
Ensuite j'ai lu sur le pont en surveillant la mer. Vers 17h le soleil est voilé. J'ai décidé d'affaler
la grand-voile qui bat. Cela ne sert à rien de fatiguer les coulisseaux. Fayama passera la nuit
sous spi. Le vent est toujours faible, la mer est correcte. A 21h, le GPS nous place par
29°52,804'N 49°58,348'W cap vrai 26,8° vitesse 4,6 noeuds. Nous sommes entrés dans la
zone météo "Colorado". 23h 45 tour d'horizon rien à signaler, nous sommes seuls en mer.
Petite vidéo de la journée.
J'essaie de démonter le vérin et je casse la courroie. Et là je me vois dans une vrai
galère. Pourtant j'ai un régulateur d'allure et je devrais être rassuré, seul hic je ne l'ai pas
encore utilisé. Le vérin n'a pas l'air défectueux. Il y a un électro-aimant et un petit moteur
pour entrainer la pignonnerie. Je passe pratiquement l'aprés-midi à remettre en état le
régulateur d'allure mais je ne le mets pas en fonction. Fayama tient bien son cap pour
l'instant. J'ai sorti la combinaison de ski pour passer la nuit dans le cockpit, il n'est pas
question de bouchonner. Il faut continuer la route et avaler des milles.
A 16h nous sommes par 38°19,148'N 41°37,820'W cap vrai 121,8° vitesse 4,1 noeuds.
17h, j'entends les dauphins, ils sont à l'étrave, ils me disent courage Captain. En soirée, le
vent prend de la vigueur mais Fayama tient tout de même son cap, impeccable. La barre est
bien réglée, bien calée. Je vais essayer de dormir un peu aprés le relevé de 22h.
A 22h le GPS nous place par 38°05,162'N 41°09,688'W cap vrai 126,8° vitesse 3,9
noeuds. Nous faisons une route est-sud-est, Fayama fait bien son boulot, je le remercie et
vais faire un somme.
Dimanche 20 mai 1h30: C'est le moment du tour d'horizon, je contrôle le cap, opère un
petit réglage sur la barre et je me recouche. Mon sommeil n'est pas bon. Je suis à l'affut du
moindre bruit non répertorié par mon cerveau. Fayama a ses bruits: grincements,
couinements, claquements qui font partie de la navigation. Mes oreilles y sont habituées.
Survient un bruit, un son, un mouvement qui n'est pas habituel et mon cerveau donne
l'alerte. A 3h20 c'est justement ce qui arrive, je suis réveillé par des mouvements non
habituels. Fayama ne navigue plus, il dérive. Le foc s'est mis à contre. C'est à dire que le
vent souffle du mauvais coté de celui-ci. Il ne peut pas changer de bord sans l'intervention
du skipper, il se coince contre le gréement. Fayama s'est stoppé et dérive car le vent pousse
contre la voile. Le venta refusé, nous sommes par 37°47,431'N 40°44,798'W. Je remets en
route mais le cap est catastrophique nous sommes au 150° compas. Je décide de virer de
bord, Fayama est désormais tribord amure, cap compas 55° environ vitesse 3,5 noeuds au
loch.
4h le relevé de position, nous place par 37°48,297'N 40°43,974'W cap vrai 27,5°
vitesse fond 4 noeuds. A 6h30 une masse nuageuse inquiétante vient vers nous. Je prends
un ris dans la grand-voile et laisse le génois. En surveillant bien, j'aurai le temps de
l'enrouler. Ce ne sont pas les mêmes phénomènes qu'aux Antilles. Celui-ci est passé sans
une pichenette de vent. Je prends mon petit déjeuner et décide de remettre mon nez dans
le pilote. Je désosse le vérin, soude 2 fils sur l'électro-aimant et le teste directement sur la
batterie. Il fonctionne, ce n'est donc pas le vérin qui est en cause. Je tire un grand cable,
heureusement que j'en avais à bord, branche le vérin directement sur la centrale de
navigation et c'est le miracle. L'électro-aimant connecte parfaitement. C'est donc le cablage
livré avec le pilote qui est défaillant. Il reste à résoudre le problème de la courroie cassée.
Je me creuse les méninges pour trouver la meilleure solution. J'opte pour un morceau de fin
caoutchouc collé au néoprène et cousu. La photo ci-aprés date de la rédaction du texte
(mars 2019 soit 12 ans aprés) J'ai gardé la courroie en souvenir.
16h : Le GPS nous place à 38°06,244’N 40°06,533’W cap vrai 150,6° vitesse fond 4,4
nœuds. A 17h11 exactement, nous passons le 40e degré de longitude ouest. Ce soir j’ai
regardé le film « Didier » j’ai ri de bon cœur. Ca fait du bien. Je dîne, fais la vérification sur
le pont, les voiles sont ok. Plusieurs tours d’horizon afin de m’assurer qu’il n’y a pas de
navires en vu et je me couche.
22h : Nous sommes par 37°53,259’N 39°36,201’W cap vrai 104,6° vitesse fond 5,2
nœuds. 23h : Tour d’horizon, nous sommes seuls.
Montage vidéo de la journée sur fond de coucher de soleil.
Lundi 21 mai 1h: Le vent est devenu instable; variable en direction et en force. Fayama
ne peut plus tenir seul avec ce vent qui change continuellement de sens. Il lui faut le pilote
et moi en surveillance pour modifier
les réglages de voilure. Nous sommes au cap compas 160°, c'est beaucoup trop vers le sud.
2h50: Le vent refuse encore, le compas indique cap 175°. Ce n'est plus possible de
continuer, nous descendons trop. Je vire de bord avec pour cap compas 75°. Le vent est
tellement faible que je dois faire du moteur pour atteindre péniblement les 2 noeuds. Il doit
y avoir un sacré courant. Nous sommes par 37°40,204'N 39°17,136'W cap compas
4h: Le GPS nous place à 37°43,832'N 39°12,449'W cap vrai 18,4° vitesse fond 7,6
noeuds. Cette vitesse me surprend, je ne comprends pas, vu les conditions, comment
Fayama ait pu l'atteindre; un surf ou une survente inopinée. Je me lève à 5h30 et me
prépare un bon café.
6h: Voiles et moteur cap compas 70° vitesse loch 4 noeuds. J'ai enroulé partiellement
le génois. Avec ce vent changeant, il faut le modifier continuellement.
7h30: C'est de pire en pire. Eole se permet des variations subites de 40°. Je dois faire
de même avec le pilote, notre route doit ressembler à la marche d'un homme ivre.
10h: Nous entamons notre 17e jour de navigation. Nous sommes par 38°07,105'N
38°42,105'W cap vrai 72,3° vitesse fond 3,3 noeuds. Fayama est toujours sous voiles et
moteur. Je relève le cap compas nous sommes au 80° pour une vitesse surface de 4,5
noeuds. Ce qui veut dire que nous n'avons pas une grosse dérive et que nous avons un
courant de face. Fayama s'est bien défendu puisqu'il a parcouru 110,7 milles en 24h. La
route totale effectuée se monte à 1999 milles. Nous sommes à 1751 milles en direct de
St Martin et à 477 de Horta sur l'île de Faîal. Nous sommes pratiquement sur sa latitude. Je
prends la météo, nous sommes désormais à l'est de Ridge. Les prévisions nous donnent un
vent de secteur sud-est force 3 à 5 beaufort, mer agitée à forte s'atténuant un peu en fin de
période. Nous avons effectivement un vent de sud-est mais la force n'est pas celle annoncée.
Fayama peine dans ces vagues courtes qui lui cassent la vitesse.
11h: Je peux enfin couper le moteur, cap compas 75° pour une vitesse loch de 4
noeuds. J'ai établi le génois et j'ai l'intention de remplacer le foc par la trinquette. J'arrive en
pieds de mât, je lève les yeux pour vérifier que tout va bien dans le gréement et là je
découvre une deuxième catastrophe. La fixation haute de l'étai largable semble à demi
arrachée. Je suis abattu. Je sais qu'il me faut monter au mât pour l'assurer afin qu'elle ne
s'arrache pas complètement. J'affale le foc et je m'équipe d'un harnais, il me servira à
m'attacher en haut du mât. Je monte, les vagues jouent à celle qui arrivera à me
désarçonner. Une fois en haut, je découvre que je suis monté pour rien. C'est une illusion
d'optique, le soleil se réfléchit sur l'inox et du pieds de mât cela donne l'impression que
l'attache n'est plus solidaire. Une fois redescendu, rassuré, j'équipe Fayama de la trinquette.
J'ai le pressentiment que nous n'allons pas tarder à avoir du mauvais temps.
12h: Je m'accorde un bon déjeuner puis je me repose dans le cockpit. Je me suis
aménagé un espace où je peux lire à l'abri tout en surveillant l'extérieur. L'après-midi se
passe tranquillement sans avoir besoin de manoeuvrer.
16h: Nous sommes par 38°28,709'N 38°05,634'W cap vrai 64,5° vitesse fond 6,1
noeuds. Vers 19h les dauphins viennent nous rendre visite. 19h40: Le soleil se prépare à
passer derrière l'horizon, Eole faiblit à nouveau. Fayama ne dépasse plus les 2 noeuds, je
démarre le moteur.
Voici la vidéo du jour sur son coucher de soleil:
Je dîne, range un peu et fais le tour du pont. Je coupe le moteur et me couche vers
21h. A 22h; le GPS nous place par 38°53,059'N 37°33,052'W cap vrai 41° vitesse fond 5,3
noeuds.
Mardi 22 mai 2h : Je suis réveillé par le comportement anormal de Fayama. Le vent a
adonné. Je règle le cap sur 80° puis fais un tour d'horizon. Pas de bateau en vue pourtant
on se rapproche des Açores. Nous sommes par 39°07,066'N 37°15,556'W . Nous passons un
nouveau fuseau horaire, nous sommes donc à TU -1h. Pour moi au lieu d'être 3h il est 4h. Je
corrigerai mes relevés en conséquence. Ce n'est pas que nous ayons avancé beaucoup mais
par soucis d'harmonisation l'heure aux Açores est la même qu'au Portugual, pourtant nous
en sommes encore très loin.
5h ou lieu de 4h: Le GPS nous place 39°12,520'N 37°05,310'W cap vrai 28,8° vitesse
fond 6,7 noeuds. A 5h40 le vent a faibli et a adonné, je dois faire un peu de moteur pour
avancer au nouveau cap 90°. Nous avançons à 5 noeuds au loch. A 6h le vent reprend un
peu de vigueur, je peux couper le moteur et faire route sous voiles au cap compas 95°.
Fayama tient les 4,5 noeuds au loch. A 7h je prends mon café. Les dauphins arrivent, je file
leur dire bonjour.
Je prépare et cuis un pain.
Nous avons un cap compas assez correct, nous faisons route au cap 100° compas.
Depuis hier, nous avons du soleil à profusion ainsi qu'une mer calme. La journée s'annonce
identique . Je pense de nouveau à Christos, où peut-il être? Je remets 40 litres de gas oil
dans le réservoir. Je prends la météo, elle passe maintenant à 10h40. C'est l'extrême
nord-est de Ridge et nord-ouest Açores qui nous intéressent. Pour Ridge vent de sud 4 à 6
beaufort localement est 2 à 4 dans l'extrême est. Pour Açores à l'ouest vent de nord à
nord-est 4 à 5 beaufort. Pas d'état de la mer sauf pour les deux extrémités opposées des
zones qui nous concernent où la mer est annoncée agitée à forte.
11h: nous entamons notre 18e jour de mer. Le GPS nous place par 39°18,931'N
36°29,219'W cap vrai 97,1° vitesse fond 7,7 noeuds. Nous avons parcouru129,4 milles en
24h et 2129 milles au total pour une route directe de St Martin de 1877 milles. A cet instant
nous sommes, sur une ligne directe, à 248 milles du Port de Lajes de Florès et 372 milles du
port de Horta de Faïal. A partir de midi le vent refuse. Je régle le pilote sur le cap 90°. Eole
continue son refus et Fayama se retrouve au cap 75° vers 14h30. C'est alors que j'aperçois
un voilier au loin sur l'avant babord. A 15H30, il me contacte par VHF. C'est un 50 pieds avec
équipage qui va aussi à Horta. Le gars me dit qu'au cours du coup de vent subit dans
Colorado, ils ont enregistré des rafales à 50 noeuds. Je suis heureux de l'apprendre et fier
que nous ayons, Fayama et moi, passé cette épreuve avec brio. Il me dit aussi que le skipper
de ce voilier a décidé de faire route directe sur Faïal. Moi je lui dit que je vais continuer ma
remontée sur Florès car j'ai peur d'un problème de pilote et de manquer de gas-oil.
16h20 le vent varie beaucoup, il joue avec nous. Je dois faire du moteur pour appuyer
car il faut constamment intervenir sur la voilure et le réglage de cap.
17h: nous sommes par 39°29,194'N 35°53,739'W cap vrai 57,6° vitesse fond 7,9
noeuds. A 17h30, le 50 pieds me recontacte sur VHF pour me donner les dernières prévisions
météo. Vent d'est annoncé sur les Açores. Je fais bien de monter encore, je n'aurai peut-être
pas de prés serré à faire. Je sors pour un tour d'horizon, Je vois une tache anormale au loin.
Je pense que c'est le 50 pieds mais il ne devrait pas se trouver là. La tache grossit et devient
un voilier rouge. Nous allons droit dessus. C'est un allemand qui vient d'Argentine et qui en à
marre du vent variable. Il ne veut pas faire de moteur et attend le retour d'un vent stable. Je
suis obliger de corriger le cap pour ne pas le percuter. C'est tout de même chose incroyable.
Quelles sont les probabilités de collisions de deux voiliers qui traversent l'atlantique?
Je prépare la nuit et décide de laisser le moteur cap direct sur Florès. 23h nous
sommes par 39°29,672'N 35°18,699'W cap vrai 86,7° vitesse fond 4 noeuds. Je n'ai laissé
que la grand-voile, c'est le moteur qui tire. Il va falloir que je me méfie à l'approche des îles.
Le nombre de bateaux que je risque de rencontrer va aller en augmentant.
Voici le vidéo du jour:
Mercredi 23 mai 2h : Nous venons d’entrer dans la zone météo Açores. Je fais mon
tour d’horizon. Il y a des lumières au loin à tribord. Je vérifie sur le radar, c’est un gros
navire à 8 milles de nous. Il n’y a pas de danger de collision. 3h30 nouveau tour d’horizon,
rien à signaler.
5h : Le GPS nous place par 39°34,120’N 34°46,403’W cap vrai 75,8 vitesse fond 4,1
nœuds. 163 milles nous séparent de Florès et il ne reste que 60 litres de gas-oil sans
compter ma réserve. 5h15 je prends mon pti café. Quel plaisir ce café du matin. Puis je
profite du calme de la mer pour mettre les derniers 20 litres de gas-oil de réserve dans le
réservoir. Si jamais Neptune décide de se fâcher je n’aurai pas à faire de manœuvre
périlleuse.
6h je règle le pilote sur 100°, Fayama est toujours au moteur et sa grand-voile. Le vent
fait défaut, on traine. Les dauphins sont à l’étrave, bonjour mes amis. 7h je sens un petit
souffle de vent, je me dépêche d’établir le génois et mets le pilote sur 130°. Nous sommes
babord amure. Je coupe le moteur, Fayama stabilise sa vitesse à 4,5 nœuds. 7h30 Eole se
joue de nous, notre vitesse a chuté en dessous de 3 nœuds. Je dois me résoudre à solliciter
le moteur. 8h15 je corrige le cap au 115°, nous sommes à 5 nœuds. 9h30 Ca y est les voiles
se gonflent de nouveau. Le Perkins est mis au repos. Nous sommes par 39°30,575’N
34°16,810’W le cap compas 110° vitesse surface 5,5 nœuds. 10h50 Eole refuse de 20°, notre
cap passe à 135°.
11h : Notre 19e jour de mer commence. Le GPS nous situe par 39°28,677’N
34°07,363’W cap vrai 119,4° vitesse fond 5,1 nœuds. Fayama et son Perkins se sont bien
débrouillés malgré les tours de passe-passe d’Eole puisque nous avons parcouru 113,8 milles
en 24h. Notre route totale s’élève à 2243 milles pour une route directe de St Martin de 1974
milles. Nous sommes à 138 milles en direct du port de Lajes à Florès et 264 milles du port de
Horta à Faïal. La météo annonce un grand changement et pas du bon. Pour Açores, le vent
Nord à Nord-est, 4 à 6 beaufort localement 7. Mer agitée à forte par houle de nord. Pluies
éparses
11h45 : Le vent monte, les prévisionnistes météo ne se sont pas trompés. Je prends
un ris dans la grand-voile. Règle le pilote sur 140°. Notre vitesse loch est de 4,5 nœuds. A
12h je déconnecte le pilote et remets Fayama à naviguer barre attachée. On a un cap 130°
environ pour une vitesse surface de 5,5 nœuds. Je me prépare une bonne plâtré de pâtes
aux lardons que j’avale avec plaisir. Je vérifie le baromètre, la météo m’inquiète un peu. Un
coup de vent se prépare, le baromètre chute rapidement. C’est le vent que j’attendais mais
pourquoi autant…
14h : la mer est devenue hachée. Une houle croisée s’est installée. Fayama ne tient
plus son cap barre attachée. Je dois reconnecter le pilote au cap 120°. Voilà qui est tout de
suite mieux. Le baromètre chute rapidement, ce n'est pas bon signe. Au cours de
l’après-midi les conditions se dégradent. Eole se renforce et la mer tape dur. Fayama se bat
contre une mer croisée. 16h15 : je réduis le génois pour ne pas aller manœuvrer à l’avant.
17h : Nous sommes par 39°21,309’N 33°24,886’W cap vrai 98,8° vitesse fond 6
noeuds. Quelque chose se ballade sous la coque, le sondeur varie rapidement. 22h40, je
corrige le cap nous tenons le 110°. C’est un peu trop sud mais pour l’instant il n’y a rien de
mieux à faire.
23h : Le GPS nous place par 39°09,143’N 32°42,074’W cap vrai 92,3° vitesse fond 6
nœuds.
La vidéo du jour :
Jeudi 24 mai 3h : Un petit tour d’horizon, rien à signaler. Le cap est toujours sur 120°
la vitesse surface 5,5 nœuds.
5h : Nous sommes par 38°56,822’N 31°55,869’W cap vrai 118,9° vitesse fond 8,4
nœuds. Le vent a adonné un peu, j’ai pu remettre le cap au 105° compas. Je n’ose imaginer
qu’il reste comme cela et que nous allions direct sur Horta sans tirer de bords. Je me
recouche un peu, j’attends 6h pour prendre un bon café.
7h30 : Le coup de vent est bien là. Je descends la grand-voile à son 2e ris, cap compas
110° vitesse loch 5,5 nœuds. 8h : Eole commence à refuser, Fayama perd 5° sur son cap et
passe à 115°. 8h30 le vent est devenu instable, pour l’instant il nous permet de faire route
au cap 105°. Le mer est forte, les vagues sont rapprochées et très creuses. Les plus gros
creux doivent faire allègrement les 5m. Fayama tombe littéralement dedans en faisant des
« boum ». Mon pauvre coco. 9h : Nous sommes au cap 100°, Florès est à 20 milles par
notre travers babord, Faïal à 120 milles devant. C’est l’heure de la météo. Pour Açores où
nous sommes, ils annoncent vent de nord à nord-est force 5 à 6 parfois 7 mer agitée à forte
avec averses de pluie.
11h : Relevés de positions des 24h. Le GPS nous situe 38°55,817’N 30°14,174’W cap
vrai 72,6° vitesse fond 7,8 nœuds. Fayama a taillé de la route, il a fait 148,3 milles en 24h.
Notre route totale s’élève à cet instant à 2391 milles pour une route directe de St Martin de
2082 milles. Nous nous éloignons de Florès qui est à 28 milles maintenant et nous sommes
à 117 milles de Faïal. Je modifie le cap pour faire route directe sur Horta et passe au 110°.
Les conditions de vent et de mer continuent de se dégrader. Je modifie progressivement le
cap si bien qu’à 15h Fayama navigue au 120° compas à plus de 6 nœuds.
17h : Nous sommes par 38°47,221’N 30°14,174’W cap vrai 110° vitesse fond 6,6
nœuds. Il reste 78 milles en direct pour arriver à Horta. Le coup de vent est bien établi, la
mer est de plus en plus forte. A 18H : j’enroule le peu de génois qui restait, j’établis la
trinquette et laisse la grand-voile à 2 ris. Cap compas 105° vitesse 4,5 noeuds au loch.
21h : j’aperçois les feux d’un cargo au loin à l’arrière tribord. Je vérifie au radar il fait
route vers le nord. Il passera loin derrière. Je ne dormirai pas cette nuit. A l’approche des
îles il va y avoir de la circulation maritime. Ce n’est pas le moment de prendre des risques.
23h : Le GPS nous situe par 38°38,916’N 29°32,098’W cap vrai93,3° vitesse fond 5,8
nœuds. Il reste environ 43 milles en direct pour arriver à Horta.
Vendredi 25 mai 2h30: Je vois les lumières de Faïal. Je ne me permets pas de
sommeiller. Le vent souffle à décorner les boeufs et la mer est en furie. Fayama embarde à
chaque grosse vague, le pilote couine, j'ai bien peur qu'il ne tienne pas la nuit. Soudain je
sens une grosse vibration à l'arrière, les roulements de l'éolienne viennent de lâcher. Il me
faut mettre Fayama en panne, monter sur le portique par cette mer déchainée pour arrêter
les pales. A 4h, nous sommes en approche de l'île.
5h: Le GPS nous place par 38°31,504'N 28°53,308W cap vrai 85,2° vitesse fond 4
noeuds. Il n'est plus possible de faire un cap direct. Je dois tirer des bords pour contourner
le sud de Faïal et arriver au port. J'appuie au moteur afin de gagner un peu de temps. Il
faudra 4h tout de même pour voir Fayama se balancer au bout de sa chaîne de mouillage
dans le port de Horta.
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