Je rentre sur Fayama le 6 janvier en soirée, de retour de métropole. Le lendemain je
retrouve Christos. Nous sommes l'un et l'autre dans les révisions et réparations sur nos
voiliers. Nous avons décidé de rentrer sur le vieux continent avec nos bateaux, en solitaire.
Pour cela, Christos a besoin de matériel pour naviguer seul sur Oneiro II. Jusqu'au 19
février nous préparons un voyage vers St Martin afin qu'il puisse se le procurer. Nous
partons de St Anne, Martinique vers 14h du 20 février. Un direct pour Pointe à Pitre
Guadeloupe. Nous avons décidé de naviguer au vent des îles, c'est à dire à l'est de celles-ci
en Atlantique. Le vent y est plus constant. Mais avant d'être en Atlantique, il faut
contourner le cap sud et pour cela il y a des bords à tirer.
3 bords et 3 heures plus tard nous sommes sur une route directe pour la Guadeloupe.
Jusqu'à 17h le vent est faible, certainement cassé par la pointe Dunkerque. Fayama fait ce
qu'il peut au prés serré avec moi et toute mon inexpérience aux commandes. Passé 17h
Eole souffle plus dur sur les voiles et mon coco navigue entre 6 et 7 noeuds. Un petit creux
vers 23h et le loch descend à 3,5 noeuds. Le rythme est cassé vers 19h par la prise d'un
petit barracuda qu'il faut remonter, vider et nettoyer. Aux premières heures du 21 notre
vitesse atteint presque 7 noeuds. Mais vers 8h Eole décide qu'il en a assez fait et prend du
repos. Fayama ne dépasse plus 4,5 noeuds et ceci restera en l'état jusqu'en début
d'après-midi. A l'approche de la Guadeloupe les voiles se gonflent et le loch nous affiche de
nouveau 6 noeuds. Nous mouillons Pointe Fouillole vers 16h sur bouée...Et oui la Marina
s'est appropriée ce coin et a posé des bouées payantes. Jeudi 22, nous effectuons les
formalités de douanes et partons rendre visite à Anke qui tient le dépot-vente nautique rue
Raspaille. Nous réglons la bouée de mouillage puis revenons à bord dans le but d'aller
mouiller à l'îlet de Gosier. Nous tirons des bords dans le chenal et subitement Fayama se
redresse sans crier gare. Le winch a lâché, libérant le génois. Nous finissons le parcours au
moteur. Le lendemain, après avoir démonté, nettoyé et réparé le winch défaillant, nous
appareillons pour remonter vers St Martin. Nous optons pour un arrêt à Barbuda. Nous
levons le mouillage vers 13h30 avec la grand-voile établie. Il faut sortir de l'enclave du
Gosier. Pour cela Fayama doit longer les récifs qui séparent la cote de la pleine mer en
revenant vers Pointe à Pitre. Une fois en mer nous prenons la direction de la Pointe des
Châteaux. Le vent est favorable, nous sommes tribord amure et le resterons jusqu'à 18h35.
A l'approche de la Pointe, le vent refuse nous devons tirer un bord vers le sud pour nous
éloigner. Le virement suivant, après seulement une demi-heure de navigation, nous permet
de contourner la Pointe des Châteaux et ainsi de commencer notre remontée vers le nord.
Le CROSS émet les prévisions météo à la VHF, elles sont bonnes : Alizé faible, ESE 4
beaufort, houle NE mer peu agitée. Pour nous c'est excellent. Nous sommes revenus
tribord amure,nous pouvons faire un direct vers Barbuda. Nous mouillons à Low Bay le
lendemain samedi 24 février vers 15h.
La superbe baie de Barbuda
Nous passons le dimanche 25 à nous reposer. Nous partons vers 18h pour une navigation
nocturne pour St Martin. Le premier ris est pris dans la grand-voile, histoire de ne pas avoir
à manoeuvrer de nuit. Notre vitesse n'est pas excesssive, 5 noeuds avec un vent travers
tribord. Deux heures de ce régime et nous voilà bien aise d'être partis avec 1 ris. Le vent
forcit progressivement entre 20h et 21h. Vers 23h il est à son maximum, Fayama avale la
distance à presque 8 noeuds. Mais car il y a toujours un mais, Eole vire progressivement à
l'est sud-est. Nous sommes augrand largue presque vent arrière avec un mer bien formée.
Malgré notre souhait de ne pas manoeuvrer de nuit, il faut aller sur le pont pour tangonner
le génois. Le lundi 26 à 2h du matin Fayama atteint la vitesse de 8,3 noeuds. Notre brave
Eole nous fera sa démonstration de force jusqu'à passé 4h. Vers 5h il faut rouler le génois,
le vent faiblit beaucoup, la mer reste agitée et la voile claque dans les embardées. Sous
grand-voile seule à 1 ris nous filons tout de même à plus de 5,5 noeuds. Nous terminons
cette navigation avec les mêmes conditions et mouillons à Marigot baie à 7h30. Nous
restons 3 jours pleins à St Martin. Nous avons trouvé ce que nous voulions. J'ai mis à
profit cet arrêt, pour réviser le winch babord d'écoute de génois. Le 1er mars nous sommes
levés à l'aube, l'ancre est arrachée du fond vers 7h. Nous voulons aller aux Saintes d'une
traite.
Après avoir contourné le cap nord-ouest de St Martin nous descendons vers
St Christopher. Les conditions météo sont excellentes: alizé modéré d'est, 3 beaufort, houle
d'est. La seule condition ennuyeuse, la mer est agitée en atlantique. Des creux de 1,5 à
2m annoncés. Un long bord de 11 heures de navigation nous amènent à proximité de l'île.
Nous devons faire virer Fayama afin d'éviter St Christopher et passer au large à l'est de
Montserrat. Cette fois encore un long bord de pratiquement 12 heures nous conduit au
sud-est de Montserrat. Il est 9h du 2 mars, nous pouvons mettre le cap plein sud et longer
la côte sous le vent de la Guadeloupe. La mer y est plus calme. A 17h le sud de Basse-terre
est paré, mais impossible de mettre le cap sur Les Saintes. Le courant est tellement fort que
nous tirons des bords "carrés". C'est à dire qu'il est impossible de remonter au vent vers
notre destination. Nous décidons de faire demi-tour et d'aller passer la nuit à l'abri de la côte
à Rivière Sens. Il est 21h l'ancre est crochée, le moteur stoppé, nous n'avons qu'une hâte
c'est d'aller nous étaler sur notre couchette.
Cette photo est de 2005 lors d'un mouillage sur la côte à Rivière Sens
Le 3 mars après une bonne nuit de repos, le mouillage est levé à 7h40. Comme le vent
souffle assez fort, la GV est établie avec 2 ris et le génois partiellement déroulé. Fayama file
tout de même à 6 noeuds. Nous tirons 3 bords avant de nous présenter à l'entrée de la baie
de Grand Bourg aux Saintes. A 11h Fayama se balance au bout de sa chaîne.
Cette photo est également de 2005.
Nous profitons de cette journée pour parcourir le village et surtout pour aller prendre une
succulente glace dans la rue principale. Nous nous préparons en vue de la navigation qui
doit nous amener direct au Marin à la Martinique.
4 mars: Nous sommes levés avec le jour. La météo nous annonce un vent d'est à nord-est
force 4 à 5 beaufort localement 6. Mer agitée en Caraïbes, localement forte en atlantique. La
houle est d'est nous l'aurons sur la hanche. A 10h45 nous sommes prêts à partir, la
grand-voile est établie avec 3 ris, le moteur est en route. 10 minutes plus tard Fayama court
à la voile le ronronnement du Perkins s'arrête. Le foc intermédiaire est à poste avec 1 ris.
Nous sommes tribord amure.
En sortant de la baie, il faut tirer 3 bords afin d'aller assez loin dans le nord-est pour
pouvoir parer les Saintes à la descente. Le vent d'est et le courant nous amène sur la côte
nord de la Dominique. A 16h30, 3 autres bords sont nécessaires pour déborder assez vers
l'est et continuer notre descente. Le vent tient bon toute la nuit, à 5h30 nous sommes dans
le canal entre la Martinique et la Dominique. Mais cela change et pendant pratiquement 2
heures il va jouer à cache-cache pour enfin revenir timidement au large de St Pierre au
nord-ouest de la Martinique. Jusqu'à la baie de Fort de France notre route fond longe
pratiquement la côte. Mais le courant qui longe la côte sud et remonte par le rocher du
Diamant nous entraine au large. Nous devons tirer un bord pour revenir sur le rocher mais
le courant est tellement fort qu'il nous ramène vers Fort de France. Grâce au moteur nous
pouvons faire route vers le Diamant. Puis en serrant la côte toujours au moteur nous
rejoignons la Pointe Borgnesse en route directe. Nous sommes pratiquement arrivés, il ne
reste plus qu'à entrer dans la baie du Marin et regagner notre mouillage à Petit Versailles.
Je termine le mois à préparer Fayama pour la future transat. Changement des drisses et
différents cordages. Changement du génois et du ridoir de l'étai. Réfection du support du
winch de pied de mât.
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